Chaque année, des milliers d’habitants de Perth, la capitale d’Australie occidentale conduisent des heures jusqu’à Mandurah, une ville côtière du sud.
Mandurah propose un large éventail d’activités aquatiques, dont la plus populaire est la pêche au crabe aux environs de l'estuaire de Peel-Harvey.
L’estuaire abrite de très nombreux oiseaux marins et a été désigné Zone humide d’importance internationale, au titre de la convention de Ramsar.
On y trouve aussi le crabe bleu, Portunus pelagicus, ou «Bluey» comme le nomme les australiens pour sa couleur vive (surtout le mâle).
Image : Jason et Viky Stokes, Ben (6) et Eli (4).
À Mandurah, le crabe tient une place importante et un festival annuel est même organisé en son honneur.
Certains pêcheurs amateurs le pêchent en plongée ou depuis leur bateau, à l’aide de filets, mais beaucoup préfèrent l’attraper en marchant le long du rivage, muni d’une simple épuisette qu’on trouve en quincaillerie.
Jason Stockes est l’un de ces pêcheurs. Sa toute première pêche au crabe remonte à ses vacances en 1994.
« J’ai toujours ces souvenirs en mémoire et je voulais les partager avec mes fils », dit-il.
Dorénavant installé dans la région, Jason descend en vélo jusqu’à l’estuaire avec ses amis et ses deux fils, Ben 6 ans et Eli 4 ans, leur outil de pêche dans les remorques.
Les fils de Jason ne se plaignent pas s’ils n’attrapent rien.
« Ce qui leur plaît, c’est avant tout de passer du temps à l’extérieur, à patauger dans la boue, prendre un peu de soleil et rentrer mouillés. » explique-t-il.
Andrew Rowland est le Directeur Général de RecFishWest, une organisation regroupant 740 000 pêcheurs récréatifs d’Australie occidentale. Pour lui, le crabe bleu est la plus importante espèce pour la pêche récréative en Australie occidentale.
«Nous estimons entre 50 000 et 100 000 le nombre de personnes qui pêchent le crabe dans l’estuaire de Peel-Harvey» commente le Dr Rowland.
S’ajoutent également les pêcheurs professionnels, certains travaillant dans l’estuaire depuis des générations.
Damien (à droite) a déménagé à Mandurah il y a dix ans, après des années de pêche loin de l’Australie occidentale et à l’étranger.
Il voulait trouver du travail près de chez lui, ainsi qu'une licence professionnelle à un coût abordable. Il a trouvé les deux en travaillant pour la pêcherie de l’estuaire de Peel-Harvey.
« Mon père a investi dans cette pêcherie, mon frère aussi ; notre famille est donc profondément liée à cette pêcherie qui représente absolument tout pour nous. »
Ses deux jeunes fils aiment l’accompagner pêcher sur son bateau.
« C’est pourquoi nous devons nous assurer que nos pratiques soient durables. » ajoute-t-il.
Il y a quelques années, les pêcheurs ont changé leurs filets au profit de casiers à crabes en forme de sablier. Ces formes permettent aux plus petits crabes de s’échapper et de minimiser les prises accessoires. Il s’agit d’une pêcherie de petite taille où chaque professionnel opère seul depuis son petit bateau.
Quelle est donc la meilleure manière de protéger cette petite mais importante pêcherie ?
Par une régulation stricte des engins, des limitations de captures, du nombre de licences et de casiers ainsi que par des fermetures saisonnières de la pêche.
Environ 100 tonnes de crabes sont débarqués chaque année par les pêcheurs professionnels, la totalité est vendue localement et la même quantité est capturée par les pêcheurs récréatifs.
Le Département des Pêcheries de l’Australie occidentale se satisfait de cette situation.
« Nous sommes très content des engagements pour la durabilité pris par la pêcherie. » confirme Dr Danielle Johnston, Directeur de l’équipe de recherche sur les crabes.
« Tout indique que les niveaux du stock sont très bons. »
De plus, les professionnels sont fiers puisqu’ils vont au-delà des exigences minimales de la réglementation de la pêche dans le but de préserver les stocks pour les générations futures.
Par une douce et lumineuse matinée de février, Damien transvase un peu plus d’une douzaine de crabes du casier à un récipient en plastique sur son bateau.
Après les avoir mesurés pour identifier si leur taille est légale, il presse chacun d’eux entre son pouce et son index.
Beaucoup émettent un bruit sec, une sorte de « pop » audible lorsqu’on les retourne sur leur carapace. C’est un signe certain qu'ils contiennent trop peu de chair.
« Pas ma qualité, pas de mon niveau » marmonne-t-il, et avec une gestuelle habile, il rejette ces crabes dans l'estuaire.
Ce sont de tels engagements qui ont permis à la pêcherie de l’estuaire de Peel-Harvey de devenir la première pêcherie commerciale et récréative certifiée MSC.
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